30 juillet 2021
Le véritable prix de la Joconde
Œuvre phare du Musée du Louvre, au sourire auréolé de mystère, La Joconde est l’un des rares tableaux attribués de façon certaine au célèbre Léonard de Vinci. Bien évidemment, les cabinets d’expertise indiquent que sa valeur est inestimable, mais tâcher de l’évaluer est un jeu d’esprit particulièrement instructif pour les amateurs d’art et experts en devenir.
Cet exercice de pensée peut permettre de retracer tous les éléments qui forgent la valeur d’un tableau ancien. On peut alors, non seulement tenter de déterminer le prix de La Joconde, mais également se glisser, pas à pas, dans la peau d’un commissaire-priseur à l’œil avisé.
Le mystère de La Joconde : une valeur renforcée par une histoire à part
Comme toute œuvre d’art, l’histoire de La Joconde constitue une part importante de sa valeur sur le marché.
Une création mythique sous les traits du célèbre artiste Léonard de Vinci
Le génie artistique de Léonard de Vinci n’est plus à démontrer. Apprenti au sein de l’atelier de l’un des plus grands maîtres de Florence, son talent prodigieux attire rapidement l’attention des notables de la Renaissance italienne.
Pour beaucoup, le Tableau de La Joconde est une synthèse de tout ce dont Léonard de Vinci était capable : technique du sfumato (technique qu’il inventa par une délicate superposition de couches pour des effets d’ombre, de lumière et de profondeur jusqu’alors inconcevables), du spolvero pour retranscrire le dessin préparatoire sur la toile, maîtrise des pigments et de la saturation pour des nuances de couleurs subtiles, ajout de céruse pour refléter la perspective d’effacement au loin, retranscription des émotions de l’Homme dans toutes leurs nuances et leur complexité… Un chef-d’œuvre donc, incarnant un savoir-faire inégalé.
Le vol de La Joconde
Le vol de La Joconde, en 1911, ne fit que renforcer la célébrité et le prestige de ce fameux tableau. Le 21 août 1911, soixante inspecteurs, un criminologue et le chef de sûreté de la Préfecture de Police, Octave Hamard, mènent immédiatement l’enquête.
La presse s’empare de l’affaire. Le poète Guillaume-Apollinaire, d’humeur bravache, contacte la semaine suivante le quotidien Paris-Journal pour revendiquer le vol et réclame 150 000 francs-or pour la restitution de La Joconde. De mèche avec le même voleur et aventurier que Guillaume-Apollinaire, Pablo Picasso sera lui aussi soupçonné de complicité de vol. Nombreux sont les artistes et illustres inconnus qui revendiqueront le vol pour attirer l’attention de la presse et vivre, eux aussi, leur quart d’heure de célébrité.
Tous ces retentissements sont relayés dans le monde entier, provoquant une vive émotion auprès du grand public. La Monna Lisa (en Italie) ou Mona Lisa (en France) acquiert ainsi un prestige, une renommée mondiale, qui fera d’elle la toile la plus célèbre au monde et le bijou du Louvre. Chaque jour, 20 000 visiteurs se pressent pour l’admirer.
Estimation tableau ancien, quelques points d’attention sur La Joconde
L’Histoire de l’Art regorge d’exemples d’œuvres attribué à un peintre célèbre mais réalisés, en fait, par l’un de ses disciples ou apprentis. En effet, dans les ateliers, les jeunes disciples reproduisaient les techniques de leurs maîtres afin d’atteindre le niveau d’excellence recherchée. Vous souhaitez faire estimer la valeur d’un tableau ancien ? Rive Gauche Estimation vous propose une estimation gratuite de vos tableaux ! N’hésitez pas à nous contacter.
Annotations, signature et justifications
Ainsi, les experts en art et commissaires-priseurs accordent une importance toute particulière à certains signes distinctifs, dont le plus important est la signature de l’artiste. La célèbre Joconde est justement l’une des 3 seules œuvres signées par Léonard de Vinci, contrairement au Salvator Mundi, l’œuvre la plus chère du monde, vendue pour 450 millions de dollars au prince héritier d’Arabie Saoudite et dont l’attribution à Léonard de Vinci fait pourtant encore débat aujourd’hui.
Prix d’origine de la peinture et traçabilité
En 1506, après avoir travaillé durant 4 ans à la réalisation du portrait de Mona Lisa, surnom Lisa Gherardini, Léonard de Vinci signe enfin son œuvre en 1506. Malheureusement, l’époux de Mona Lisa et commanditaire du tableau Francesco del Giocondo n’honorera pas le paiement. Toutefois, François Ier saura reconnaître sa valeur. Il l’acquit pour 4 000 écus d’or.
Bien souvent, un illustre propriétaire est le gage d’une grande traçabilité. Ainsi, il est possible de retracer les déplacements du tableau, du château de Fontainebleau au Palais du Louvre en passant par le Palais des Tuileries et les mille périples et voyages pour la cacher aux yeux des Allemands de 1938 à 1946.
Pouvoir suivre avec certitude le parcours d’une œuvre est un atout pour la vente. Avant une vente aux enchères, cette preuve d’authenticité sera particulièrement étudiée des acquéreurs, friands d’anecdotes historiques et d’éléments de réassurance comme celui-ci.
État de conservation et traces de restauration
Ce n’est un secret pour personne, le temps abîme inlassablement chaque œuvre, chaque pigment et ce qui vaut pour un livre ancien ou une lithographie vaut également pour La Joconde, malgré tout le soin qui lui est apporté.
À l’origine, la robe de Mona Lisa était rouge carmin et non vert sombre, comme elle apparaît aujourd’hui. Ses manches, aujourd’hui brunes, étaient d’un jaune mordoré. Cela s’explique par l’assombrissement au fil du temps des vernis successifs apposés sur la toile.
Mais le temps n’est pas le seul à l’œuvre dans la dégradation d’un portrait ! Vers le milieu du XVIe siècle, un inconnu aurait décidé d’effacer les cils et sourcils de La Joconde, pour mieux la faire correspondre aux canons de beauté de la bonne société de son époque.
Selon les conservateurs, la restauration d’une œuvre peut également participer à sa valeur ou bien la dégrader. Seront jugés la fidélité du geste du restaurateur à ceux du maître originel, le choix des pigments, la préservation ou non de certaines égratignures sur la toile…
En effet, lorsqu’une œuvre d’art est restaurée, le restaurateur doit parfois faire preuve d’inventivité pour recréer une couleur à base de pigments anciens (quelle était la « recette » de l’artiste ? Comment la recréer ?), retracer un contour abîmé par une craquelure ou carrément réinventer un morceau de toile manquant lorsqu’il manque d’information sur le sujet d’origine. Parfois, la restauration d’une œuvre est sujette à polémique : restaurer, n’est-ce pas altérer ? Vaut-il mieux observer une œuvre assombrie et jaunie par l’effet du temps ou tenter, au risque d’échouer, de retrouver ses couleurs originelles ?
D’une œuvre à l’autre, la question est loin d’être tranchée et les experts auraient bien du mal à s’accorder sur le sujet. Certaines salles des ventes mettent en avant le savoir-faire de restaurateurs reconnus tandis que d’autres se font discrètes sur les potentielles altérations de leurs œuvres d’art.
Prix de La Joconde : entre 1 et 2 milliards d’euros
Par son Histoire, sa renommée internationale, son caractère indéniablement authentique et la fascination qu’elle exerce sur le grand public, La Joconde est actuellement évaluée par les cabinets d’experts à un prix compris entre 1 et 2 milliards d’euros.
L’État français a toutefois pris soin de sécuriser ses acquis. Comme le stipule l’article 451-5 du Code du Patrimoine : « « Les biens constituant les collections des musées de France appartenant à une personne publique font partie de leur domaine public et sont, à ce titre, inaliénables ».
Œuvre phare du Musée du Louvre, La Joconde est donc hors de portée du marché de l’art et des collectionneurs privés, ce qui permet à tous de la découvrir au cœur de Paris.
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