Estimation
Dans le domaine du siège au XVIIIe siècle, à côté des grands noms parisiens, tels que Heurtaut, Cresson, Delanois, Foliot et Tilliard, un menuisier provincial d’adoption peut se prévaloir d’une renommée tout aussi prestigieuse : Pierre Nogaret. S’il est certes né à Paris, il fait le choix de s’installer à Lyon.
Sa réputation dépassera les limites de la région lyonnaise et Pierre Nogaret sera considéré comme le plus célèbre des artisans de province, à côté de la famille Hache, ébénistes à Grenoble.
Bien que sa clientèle ait largement dépassé les frontières de la ville de Lyon, un grand nombre de ses sièges subsistent à ce jour dans des collections lyonnaises.
Habitant en région lyonnaise ou ailleurs, vous avez toujours vu cette chaise, ce fauteuil ou ce canapé portant l’inscription « Nogaret à Lyon » dans votre famille ? C’est le moment de faire intervenir un expert capable de vous confirmer l’authenticité de l’estampille et de vous donner la valeur précise de votre meuble.
Pierre Nogaret, le plus grand menuisier lyonnais sous le règne de Louis XV
Malgré son incroyable renommée, il n’existe pourtant aucun portrait de Pierre Nogaret, contrairement à ses confrères Riesener ou Jacob. De plus, on sait peu de choses sur ses origines, à cause de la destruction des archives dans l’incendie de l’hôtel de ville de Paris par la Commune en mai 1871.
Mais voilà tout de même ce que l’on a pu découvrir de la vie de cet artisan au visage et à l’histoire mystérieuse :
Pierre Nogaret naît à Paris en 1718. Il fait son apprentissage à Paris, avant de venir s’installer à Lyon en 1743.
L’année suivante, il poursuit sa formation en entrant comme compagnon chez le menuisier lyonnais François Girard, établi Petite rue Saint-Romain. Cette même année, il épouse Anne Muguet.
Il est reçu maître menuisier en juin 1745 à Lyon et ouvre son propre atelier dans la Petite rue Saint-Romain. A cette époque, Lyon est la deuxième ville la plus importante après Paris en matière de fabrication de sièges.
Au cours de sa carrière, Pierre Nogaret est amené à collaborer avec François Canot, sculpteur et menuisier à Lyon, devenu son beau-frère après son mariage avec sa belle-sœur Marie Muguet en 1748.
Pierre Nogaret est nommé maître-garde de sa corporation en 1771 seulement, à la fin de sa vie. Il meurt en effet le 23 août 1771 à Lyon.
En 1772, son fond d’atelier, témoignant d’une production abondante avec ses 297 sièges, est vendu par sa veuve au maître menuisier Nicolas Parmantier.
Reconnaître le style du mobilier de Pierre Nogaret
Une quantité de meubles considérable est sortie de l’atelier de Pierre Nogaret : chaises, fauteuils, canapés, banquettes, lits, ensembles de salon, ensembles de salle à manger…
Mais Pierre Nogaret est surtout connu pour être le spécialiste du fauteuil à la reine et de la chaise cannée.
Tout comme ses confrères lyonnais, son travail se compose majoritairement de sièges en noyer en bois naturel, rarement peint, et quelquefois en hêtre revêtu de vernis. L’utilisation du bois doré est rarissime
Pierre Nogaret produit des sièges Régence, Louis XV rocaille et Transition. Les modèles Louis XVI sont très rares dans sa production.
Malgré l’influence des maîtres parisiens, tels que Jean-Baptiste Tilliard, René Cresson et Nicolas Heurtaut, Pierre Nogaret fait preuve d’une grande indépendance et d’un style très personnel.
Que ce soit pour ses fauteuils en cabriolet, ses fauteuils à dossier plat ou ses chaises cannées, son travail, facilement reconnaissable, est marqué par un goût pour l’élégance et le mouvement, des lignes ondulantes avec un jeu de courbes et contre-courbes et des moulurations rigoureuses.
Certains détails techniques permettent également d’identifier ses ouvrages avec facilité : la qualité d’exécution irréprochable, les traverses latérales avec un ergot en saillie, la barre de renfort entre les traverses, la grenade éclatée au milieu de la traverse en arbalète et la fameuse console d’accotoirs « en coup de fouet », dont on lui attribue l’invention.
Identifier l’estampille de Pierre Nogaret
Contrairement à la majorité des menuisiers qui estampillent à l’intérieur d’une traverse, Pierre Nogaret, tout comme François Canot, estampille très souvent sur une partie bien visible de ses sièges.
Ainsi, l’estampille de Nogaret se situe sur la traverse arrière de la ceinture pour les sièges à dossier plat, sur la traverse arrière du châssis pour les sièges cannés, sur le montant du dossier au niveau de l’assemblage pour les cabriolets.
Son estampille « nogaret à lyon » est inscrite en petites majuscules avec la jambe du « Y » qui se rabat sur la gauche et à l’horizontale.
Attention, il n’est pas rare de rencontrer des fausses estampilles sur le marché ! Une astuce permet toutefois de les déceler : Les faussaires se sont inspirés de livres, comme celui du comte de Salverte, de Pierre Verlet ou de Jean Nicolay, qui présentent des erreurs sur la façon de représenter le « Y ».
En effet, la jambe du « Y » de Lyon regarde toujours vers la gauche à l’horizontale pour les bonnes estampilles.
Attention encore, cette marque n’est pas systématique et il peut arriver que certains sièges issus de l’atelier de Nogaret ne soient pas estampillés. En effet, Pierre Nogaret ne signait parfois qu’un ou deux sièges de ses ensembles de salon ou de salle à manger.
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Vous possédez un fauteuil à la reine ou une banquette estampillé « Nogaret à Lyon » ? Vous venez d’hériter d’un fauteuil cabriolet ou d’une chaise cannée sans marque mais dont les accotoirs en coup de fouet vous rappellent le style de Pierre Nogaret ?
L’équipe de commissaires-priseurs de Rive Gauche Estimations, présente sur toute la France, évaluera au mieux le prix de votre meuble et vous conseillera pour le vendre dans les meilleures conditions.